La deuxième et dernière tranche de restauration de l’église Saint-Martin de Vic (Indre) est en cours. Après avoir traité, en 2019, les extérieurs de l’édifice et de la maison berrichonne attenante, la communauté de communes La Châtre-Sainte-Sévère, maître d’ouvrage, concentre ses efforts sur l’intérieur. Notamment, sur les fresques romanes.
Dans le chœur de l’église Saint-Martin, deux niveaux d’échafaudages permettent d’approcher au plus près des fresques romanes qui recouvrent les murs. Réalisées au XIIe siècle, découvertes en 1849 par l’abbé Périgaud, nouveau curé de la paroisse, « sous trois couches de badigeon », a rapporté George Sand qui a compris tout de suite leur intérêt et leur grande valeur historique, elles sont classées dans la foulée, en 1850.
Stabiliser le décor
Ce patrimoine exceptionnel fait l’objet d’un minutieux travail mené depuis la mi-avril par l’atelier Moulinier. Il s’agit de « stabiliser le décor », précise Frédéric Quily, son directeur. Les fresques ont déjà été restaurées par le passé, et elles ont notamment été vernies. Trop, car des brillances apparaissent sous la lumière rasante. Alors, au moyen d’alcool en compresse, délicatement, Olivier et Anthony Courtin en retirent une partie. « Après discussion avec l’architecte du patrimoine, Bertrand Joubert, et les conservateurs de la Drac (direction régionale des affaires culturelles), nous allons aussi reprendre certains enduits, à l’aide d’aquarelle », précise Frédéric Quily, qui parle de « dérestauration ».
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Ces interventions, somme toute « légères » et infiniment délicates, devraient s’achever à la mi-juillet. Chaque étape est documentée par des photos, et les restaurateurs précisent également, pour leurs successeurs, le détail des protocoles suivis, des produits utilisés… Si les murs de l’église ont livré tous leurs secrets en matière de fresques, les professionnels ont quand même découvert une frise, tout en haut – « rien de spectaculaire ».
L’œuvre d’un atelier, non d’un seul artiste
À travailler quasiment le nez sur les peintures, « on a parfois une vue sur des repentirs (une partie modifiée, la position d’une main, par exemple, NDLR) ». Surtout, on apprécie « la qualité du graphisme, la maîtrise du geste », salue Frédéric Quily. Est-ce à dire que les fresques de Vic sont l’œuvre d’un seul artiste ? « Il faut plutôt imaginer un atelier, avec un maître et des élèves, expose-t-il. Le maître va mettre en place les personnages, les scènes, en respectant un certain nombre de codes. Ensuite, des mains vont venir poser les couleurs du fond, les filets, les bandeaux… Des mains plus expérimentées se chargeront des visages, des yeux, d’autres des drapés… »
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Plus d’un million d’euros
Après les fresques, viendront les travaux d’électricité et la mise en place de la scénographie. Un dispositif multimédia, qu’il commandera lui-même, permettra au visiteur d’identifier les différentes scènes et de mieux comprendre ce chef-d’œuvre de l’art roman. Il pourra compléter son information en poussant la porte de la maison berrichonne attenante, transformée en centre d’interprétation.
Le coût de ce projet d’envergure s’élève à plus d’un million d’euros, dont 20 % financés par la communauté de communes de La Châtre-Sainte-Sévère, qui a fait appel à la Fondation du patrimoine pour lancer une souscription, toujours ouverte. Il bénéficie du soutien de l’Europe, de l’État, de la Région Centre-Val de Loire, du Département, du mécénat de la fondation du Crédit Agricole, et du prix du Pèlerin Magazine.
Pratique
L’église Saint-Martin est actuellement fermée, mais elle peut se visiter virtuellement, en 3D, ici.
Martine Pesez
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