La décrue s’était amorcée ce mardi dans l’après-midi. La peur était toujours là, pourtant. Car les nuages n’ont pas fini de menacer Saint-Martin-Vésubie. Les intempéries ont emporté deux passages à gué sur le Boréon. En amont, juste avant le parc Alpha, et en aval, au niveau du quartier Deloutre. Deux ouvrages provisoires qui avaient déjà été détruits par de précédentes pluies. Celles de mardi étaient moins fortes. C’est ça qui fait enrager les habitants.

« On n’est pas dans une tempête, ni dans une pluviométrie importante. C’est de la pluie qui fait fondre la neige. On est à 50 mm par m, loin des 500 de la tempête Alex », place l’adjoint au maire Thierry Ingigliardi. L’élu local, qui a fait montre de son courage et de l’expérience des funestes cataclysmes qui ont ébranlé la Vésubie, l’a mauvaise: « C’est pour ça que les gens sont énervés et en ont marre. Parce que maintenant, même avec une faible précipitation, il y a beaucoup d’endroits qui sautent. On sait très bien que les passages ne sont pas faits pour résister à tout ça. Mais quand même, ça fait quatre, cinq fois. C’est plus possible. »

Et il pointe des travaux de renforcement, de protection, des ouvrages permanents qui n’ont toujours pas été réalisés: « C’est malheureux qu’on doive toujours arriver à ces phénomènes pour qu’il y ait une accélération. On n’incrimine personne, mais être emmerdé pendant quatre ans chaque fois qu’il pleut… Les gens s’en vont. On perd des habitants. Ils reprennent espoir quand ils voient des travaux, des machines. Maintenant il faut que ça se réveille. »

« Des procédures difficiles à admettre par la population »

« La Métropole travaille sur un fleuve virulent à la reconstitution de ses passages », répondait le directeur général des services métropolitain Bastien Nespoulous. Celui-ci évoquait des « cadres en béton pour franchir la rivière », en précisant que « ces dispositifs nécessitent des procédures, parfois longues, difficiles à admettre de la part des populations, et on partage leur incompréhension et parfois même leur colère. Mais on est tous mobilisés pour apporter des solutions définitives et durables ».

Et il pointait que si ces gués avaient cédé, aucun des ponts provisoires n’avait été emporté. Bastien Nespoulous annonçait également que la Métropole attribuera « ce jeudi les marchés de réalisation des ponts définitifs de Venanson et de Maïssa pour près de 6M € ». Christian Estrosi, le président de la collectivité, ajoutant par communiqué de presse que « les chantiers débuteront dès la rentrée 2024 ».

Sous la bruine persistante, le préfet des Alpes-Maritimes est, lui aussi, monté constater les dégâts. « Ça doit nous amener à réfléchir à des techniques à employer rapidement qui soient suffisamment solides pour permettre de résister à ces intempéries », a posé Hugues Moutouh.

« Sans délais administratifs »

Le représentant de l’État veut « un provisoire beaucoup plus durable ». Lui aussi semble appeler de ses vœux des cadres en béton « beaucoup plus adaptés que les buses qui, certes, coûtent moins cher, mais s’il faut les refaire tous les mois, ça va augmenter l’addition ». « Ça peut être des ponts militaires », ajoute-t-il.

En fin d’après-midi, le premier adjoint de la commune, Alain Jardinet, avait au moins une nouvelle qui pouvait donner de l’espoir aux administrés. Lors du conseil municipal maintenu en mairie, il apprenait à l’assemblée que le préfet s’était engagé à ce que les travaux pour reconstruire le gué de Deloutre soient entrepris « sans les délais administratifs habituels ». Cette fois-ci, il n’y aura pas de « pêche électrique dans la Vésubie » pour dénombrer les espèces aquatiques comme à l’accoutumée.

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